La fauconnerie fait partie d’une tradition qui perdure depuis l’Antiquité. Au fil de cette longue histoire, des techniques spécialisées et des normes ont été développées pour s’assurer que les oiseaux utilisés en fauconnerie sont gardés de façon sécuritaire, en santé et sans stress. L’AQFA souhaite que tous ses membres adhèrent à un standard élevé au niveau de la pratique de la fauconnerie et a donc créé son propre guide de bonnes pratiques.

La santé et le bien-être de l’oiseau sont la première responsabilité de chaque fauconnier. Le fait que l’oiseau soit en bonne santé ne justifie pas des équipements sous-normes. Inversement, peu importe la bonne apparence des installations, des pattes endommagées, une cire éraflée ou de trop nombreuses plumes endommagées sont des signes que quelque chose ne va pas, et c’est le devoir du fauconnier d’identifier le problème et de le rectifier sans délai.

Les apprentis fauconniers sont fortement encouragés à travailler de près avec leur mentor pour acquérir ou fabriquer des équipement adéquats et concevoir les plans de leurs installations de garde.


Volière


La volière qui abrite un oiseau de proie doit respecter les dimensions minimales recommandées selon l’espèce. Toute pente de toit qui ne fait pas partie du volume habitable n’est pas incluse dans le calcul des mesures de la volière.

Hauteur
minimale
Surface
minimale
Volume
minimal
Exemple
(l x L x h)
– Petits
faucons
1 m
(3,3 pi)
0,8 m2
(8,6 pi2)
1 m3
(35,3 pi3)
4 pi x 4 pi x 3 pi
– Moyens
et grands
faucons
– Buses
– Éperviers
– Autour
2 m
(6,5 pi)
4,3 m2
(46,3 pi2)
10 m3
353,1 pi3)
8 pi x 8 pi x 7 pi


Chaque volière doit comporter au moins :

1. une fenêtre; ou
2. un toit partiellement ouvert pour avoir de la lumière naturelle et de la ventilation.

Les fenêtres et les sections de toit ouvertes devraient être recouvertes d’un grillage d’environ ½ po X ½ po afin d’empêcher les prédateurs d’y entrer. Le « grillage à poules » n’est pas assez solide et est potentiellement dangereux pour le bien-être de l’oiseau ; il ne doit pas être utilisé comme grillage dans une volière où un rapace est hébergé en liberté. Des barreaux verticaux, espacés de moins que la largeur du corps de l’oiseau, doivent être disposés à l’intérieur des fenêtres pour empêcher l’oiseau d’avoir accès au grillage et de s’y blesser.

Un système de double-porte est fortement recommandé pour contrôler l’accès à la volière. La porte principale doit être sécuritaire et facilement refermée.

Le plancher de la volière doit permettre un nettoyage facile et doit être bien drainé. Des matériaux tels que la paille, la sciure, le papier journal, et autres substrats organiques ont été reliés à des maladies respiratoires et ne devraient pas être utilisés. Le gravier de type « pea gravel » ou le galet de rivière sont des substrats appropriés.

Des perchoirs adéquats, conçus pour prévenir les blessures aux pieds et maintenus en bonne condition, doivent être fournis. Il est conseillé de les recouvrir d’un tapis de type « Astro turf ».


Garde à l’attache


L’attache est un outil important pour la gestion et l’entraînement des oiseaux de proie et est utilisée de manière sécuritaire et avec succès depuis des milliers d’années.

Cela consiste à équiper les pattes de l’oiseau de bracelets de cuir mou munis d’œillets dans lesquels sont insérées des lanières de cuir ou de matériel synthétique appelées des « jets ». Pour éviter que l’oiseau ne s’emmêle, les jets sont attachés à un touret pivotant, qui est lui-même attaché à une longe. La longe est attachée à un perchoir lourd de manière à ce que l’oiseau ait libre mouvement entre le perchoir, le bain et le sol. L’oiseau peut manger, battre des ailes, prendre un bain, et se lisser les plumes confortablement, mais ne peut pas voler ou frapper un obstacle.

Les rapaces en condition de chasse, en particulier les jeunes oiseaux, ont énormément d’énergie. S’ils n’étaient pas tenus à l’attache, beaucoup d’entre eux heurteraient les murs de leur volière à répétition. L’attache est souvent le seul moyen sécuritaire d’empêcher un oiseau en condition de chasse de se blesser ou de stresser entre les séances de vol.

L’AQFA soutient pleinement l’utilisation de l’attache dans le contexte de l’entraînement, dans la mesure où l’oiseau et son équipement sont inspectés fréquemment, et que l’oiseau est volé régulièrement. Nous ne soutenons pas l’attache permanente d’un oiseau en tant que remplacement pour une volière.


Aire de jardinage


L’aire de jardinages est un espace extérieur fermé dans lequel les oiseaux de fauconnerie attachés à un perchoir peuvent profiter de la lumière naturelle et des conditions météorologiques de manière sécuritaire.

L’aire de jardinage doit être complètement fermée sur les côtés et sur le dessus avec une clôture, du grillage ou de la toiture pour protéger les oiseaux des prédateurs. L’espace doit être assez grand pour que les oiseaux ne puissent pas atteindre la clôture avec leurs pieds ou leurs ailes lorsqu’ils volent de leur perchoir, et pour qu’ils ne puissent pas atteindre d’autres oiseaux attachés.

Le plancher de l’aire de jardinage doit être fait d’un substrat qui ne devrait pas provoquer de dommages aux pieds de l’oiseau lorsqu’il se débat. Le sable, le « pea gravel » et l’herbe sont des exemples de matériaux acceptables.


Perchoirs


Les perchoirs sont d’une importance critique pour le bien-être des rapaces à long terme. Les trois principaux types de perchoirs pour les oiseaux à l’attache sont :

  • les perchoirs en bloc, typiquement utilisés pour les faucons;
  • les perchoirs en arc (« bow perch »), typiquement utilisés pour les buses; et
  • les perchoirs « étagère » ou au mur (« shelf perch »), qui sont utiles dans les volières et autres installations intérieures.

Ils devraient être conçus pour éviter les écorchures ou que la longe ne s’emmêle.

Les surfaces doivent être arrondies et être recouvertes d’un matériel tel que l’« Astro turf » qui prévient les blessures aux pieds. Les surfaces du perchoir doivent être maintenues propres et ne doivent pas être trop abrasives. Les perchoirs devraient être recouverts d’un substrat qui ne se détache pas facilement si l’oiseau tente de l’arracher. Il faut aussi s’assurer que le produit n’est pas toxique si le matériel est ingéré par l’oiseau.

Le perchoir bloc ou le perchoir en arc doit être assez lourd pour que l’oiseau de proie ne puisse pas le déplacer. L’anneau sur lequel la longe est attachée doit être maintenu en place si les encrages du perchoir venaient à sortir du sol.

Les oiseaux à l’attache devraient toujours pouvoir atteindre le sol ou une autre surface plane. Les perchoirs écrans et autres modèles semblables desquels l’oiseau à l’attache peut rester suspendu à l’envers, ne devraient pas être utilisés lorsque l’oiseau est laissé sans surveillance.


Équipements


Des tourets et longes appropriés sont importants pour éviter que l’oiseau à l’attache ne s’emmêle ou ne s’échappe. Seul des tourets de haute qualité, qui tournent librement et de modèles appropriés devraient être utilisés. Les attaches rapides de type « snaps » et « clips » sont reconnues comme n’étant pas fiables et ne devraient pas être utilisées dans des situations où leur défaillance pourrait permettre à l’oiseau de s’échapper, de se blesser ou de blesser un autre rapace.

Les longes doivent être fabriquées d’un matériel résistant aux intempéries qui ne s’effiloche pas et ne se brise pas. Elles doivent être assez longues pour permettre à l’oiseau d’atteindre le sol, mais pas si longue que l’oiseau se blesse aux pattes lorsqu’il se débat. La longueur habituelle d’une longe est d’environ 2 à 4 fois la longueur du corps de l’oiseau.

Les jets et les bracelets doivent être faits de cuir résistant, comme du cuir de kangourou, ou de matériel synthétique, comme le dacron, et devraient être examinés pour des signes d’usure ou de fatigue. Les jets de type « Aylmeri », qui consistent en un bracelet séparé et des courroies amovibles, sont fortement recommandés en toute situation et sont essentiels pour les oiseaux en vol libre.

La gestion du poids est un facteur de très grande importance lors de l’entraînement des oiseaux de proie. Le fauconnier doit utiliser une balance précise et fiable qui fonctionne bien.


Accès à l’eau


Les rapaces sont généralement capables de satisfaire leur besoin en eau grâce à la nourriture qu’ils mangent. Le besoin en eau dépend de l’espèce et varie en fonction des conditions météorologiques, de l’humidité de la nourriture, et de l’activité physique. De même, le besoin et le désir de se baigner est très variable entre les individus.

D’autre part, les intrusions nécessaires pour fournir de l’eau fraiche aux rapaces en période de mue ou en situation de reproduction peuvent être stressantes et peu pratiques. Dans ces cas, l’eau peut être donnée en trempant ou en injectant la nourriture quotidienne.

En général, les oiseaux en condition de vol devraient avoir l’opportunité de se baigner et de boire aussi souvent que possible, tant qu’il n’y a pas de risque de températures froides ou de gel. Un bain d’une profondeur de 5 à 15 cm devrait être disponible en tout temps.


Soins vétérinaires


Chaque fauconnier doit avoir et maintenir une entente avec un vétérinaire qualifié qui accepte de fournir des soins professionnels à son oiseau de proie, si nécessaire. Il est très important que cette entente soit faite avant l’acquisition d’un oiseau. Si possible, le vétérinaire devrait être spécialisé ou avoir suffisamment d’expérience en médecine aviaire.

Le bien-être de l’oiseau est la première responsabilité de chaque fauconnier et des soins vétérinaires professionnels ne devraient pas être refusés à un oiseau qui en a besoin. Lorsque possible, la Clinique des oiseaux de proie du CHUV (à Saint-Hyacinthe) est l’endroit tout indiqué pour faire soigner un oiseau de proie.